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Journal de l'atelier des journalistes du Lycée Français de Vienne

Category: Actualité

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Emmanuel du Mexique au violoncelle, Antonia de Pologne à la flûte traversière, deux élèves musiciens de l’OLFM, et Elena ancienne élève et aujourd’hui tutrice, nous partagent leurs expériences avec des anecdotes qui donnent envie de rejoindre cette grande famille multiculturelle qu’est l’OLFM !

CAFÉ EUROPA : un débat sur la liberté de la presse en Europe

Fanny V. et Emily E.

À l’occasion de la Présidence française de l’UE, l’Institut français a organisé une matinée de débats sur la situation de la presse sur le continent. En Autriche, deux journalistes français et autrichien, Alain Guillemoles et Rainer Schüller, ont débattu dans le café Sperl sur la question de la liberté de la presse et la liberté d’expression, des thèmes cruciaux, dans la situation de crise actuelle.

Les deux journalistes et les modératrices au café Sperl, à Vienne

  Depuis des siècles les cafés sont des lieux de rencontres, de discussions et d’échanges d’idées, où les intellectuels lisent et débattent, enivrés par l’odeur délicieuse de café, chocolat chaud, gâteaux, et croissants. Pour célébrer cette tradition, une matinée de débats intitulée “CAFÉ EUROPA”, a réuni le 5 mars 2022 des journalistes dans les cafés historiques des capitales européennes pour débattre sur la liberté de la presse et d’expression, un sujet particulièrement actuel. 

Deux étudiantes des universités de Vienne et de Salzbourg ont encadré le débat et posé des questions à nos deux journalistes, Alain Guillemoles, chef adjoint du service économie du journal français La Croix, et Rainer Schüller, rédacteur en chef adjoint du journal autrichien Der Standard

Rôles du journalisme

Les deux journalistes ont présenté différentes facettes et rôles du journalisme, proposant une définition progressive, à deux voix. 

Les deux hommes sont d’accord sur une chose : le journaliste fait un travail d’information et surtout de sélection de l’information. Alain Guillemoles se voit avant tout comme quelqu’un qui a pour vocation de donner au lecteur les informations qui lui permettront de comprendre l’actualité et les événements dans le monde. Il poursuit en rappelant que toute prise de position est exclue, car le rôle du journaliste est justement avant tout de permettre de différencier l’information de l’opinion. Rainer Schüller acquiesce et ajoute que le journaliste doit informer, certes, mais a aussi pour mission de vérifier que le droit soit respecté, notamment par les gouvernements successifs. La presse est donc véritablement un pilier de la démocratie. Pourtant, ces dernières années, le travail des journalistes est souvent critiqué, dévalorisé et doit résister face à plusieurs dangers.

Face à la désinformation : la censure, un moyen nécessaire ?

Dans notre ère digitale, l’information est plus accessible que jamais. Elle est donc devenue un enjeu de pouvoir. Tout le monde peut lire, partager et même diffuser des informations. Ainsi, nous nous trouvons tous les jours inondés par un flux d’informations infini qui rend la distinction entre le vrai et le faux périlleuse. 

En temps de guerre, l’information et la désinformation sont un enjeu majeur, puisque l’opinion publique joue un rôle important. Dans ce contexte, « il est d’autant plus important d’avoir des correspondants indépendants sur les lieux de conflits » affirme Alain Guillemoles. Selon lui, eux seuls pourront vérifier les allégations et rumeurs qui circulent. 

Mais que se passe-t-il lorsque ce ne sont plus de simples citoyens mais des médias que l’on accuse de désinformation ? La question a été vivement débattue par les deux journalistes présents. D’après Alain Guillemoles, il serait naïf d’autoriser l’activité d’une plateforme de diffusion que l’on accuse de désinformer et de faire de la propagande. Au contraire, selon le journaliste du Standard, la censure n’est pas la réponse adaptée, car utiliser la censure serait justement agir comme le ferait un régime autoritaire. Pour le journaliste autrichien, il faudrait surtout éduquer, et enseigner, dès l’école, à reconnaître ce qu’est une information fiable. C’est sur cette déclaration que s’est terminé le débat, laissant place ensuite à de nombreuses questions du public réuni au café Sperl ce samedi. 

Un classement surprenant

Une première question aborde le classement mondial de la liberté de la presse 2021, publié en mars 2022. La France, d’après le dernier classement de Reporters sans Frontières, se tient à la 34ème place en ce qui concerne la liberté de la presse. Cette place confirme que la liberté de la presse est garantie en France, mais pourquoi la France ne se trouve-t-elle pas plus haut dans le classement cette année ?  Alain Guillemoles rappelle tout d’abord que des journalistes français ont été victimes de la violence de quelques manifestants ces dernières années. Il explique que cette violence contre la presse est due au fait qu’une partie de la population considère les journalistes en France comme des membres de l’élite, et les regarde avec défiance. De plus, la question du secret des sources explique sans doute également ce classement, surtout depuis la mise en place d’une loi protégeant les lanceurs d’alerte, qui, selon certains journalistes d’investigation, complique leur travail.

L’Autriche se trouve à la 17ème place du même classement cette année. 

 Rainer Schüller nous rappelle que quel que soit le classement de son pays, la liberté de la presse ne doit jamais être considérée comme un acquis, qu’il faut toujours rester vigilant et lutter pour la défendre.

Citoyens : comment soutenir la presse et la liberté d’expression ?

Une dernière question a été abordée : celle du rôle que chaque citoyen peut jouer pour soutenir la liberté d’expression. Les deux journalistes prodiguent un premier conseil : acheter des journaux. Le problème principal rencontré par les journaux aujourd’hui est financier. Produire un contenu de qualité coûte cher et les journaux sont à présent en rivalités avec les offres gratuites, qui sont de facto de moins bonne qualité.

Ils affirment ensuite tous deux qu’il faut toujours rester critique, et se poser des questions sur ses sources. Rainer Schüller déclare même que  « chacun d‘entre nous, lorsqu’il s’informe, devrait faire un travail de journaliste. » C’est-à-dire vérifier les informations, varier ses sources d’information, s’interroger sur la fiabilité du média sur lequel se trouve l’information et différencier informations et commentaires.

Des élèves de l’atelier journal du lycée en compagnie des deux journalistes et des modératrices du débat.

  

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