Depuis le mois d’octobre 2021, un débat concernant le pronom « iel » divise la France.

Un nouveau pronom 

Le pronom « iel » est entré dans la version en ligne du « Petit Robert ». Il s’agit d’un néologisme issu des pronoms « Il » et « Elle » et qui est employé pour parler d’une personne quel que soit son genre. « Iel » est donc un pronom neutre et inclusif. On peut aussi l’utiliser pour désigner une personne non-binaire*, « iel » est comparable au pronom anglais « they », qui lui aussi est utilisé dans ces deux cas. Ainsi, fini la règle arbitraire du masculin qui l’emporte sur le féminin : si un garçon et dix filles partent en vacances, « Iels » partent en vacances »!

Cependant de nombreux francophones s’opposent à l’utilisation de ce nouveau pronom, y compris des personnalités publiques comme le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Jean-Michel Blanquer, le député François Jolivet et première dame de France Brigitte Macron. Le député François Jolivet se dit «stupéfait de cette initiative», le ministre Blanquer, s’est rapidement exprimé sur le sujet en ces termes : « Quand un dictionnaire est un dictionnaire de référence – y compris pour nos enfants – on ne peut pas se permettre d’être dans une espèce d’inventivité qui n’a rien à voir avec ce qui est la langue, tout simplement ». On peut s’interroger sur la pertinence de cette accusation puisqu’un dictionnaire n’est pas un outil normatif mais descriptif. L’objectif est donc d’avoir une ressource à laquelle les gens peuvent se référer en cas d’incompréhension. En l’occurrence, « iel » existait déjà.

Le développement de la langue

Rappelons qu’une langue évolue avec le temps et avec l’utilisation des mots, c’est l’usage qui fait la norme. Il n’incombe donc ni au ministre de l’Éducation ni à l’Académie Française de décider des changements linguistiques. En réalité l’Académie Française ne peut pas réellement se positionner dans ce débat, elle dont la 9e édition de son dictionnaire est en voie d’achèvement depuis 1986, et qui ne comporte aucun linguiste dans ses rangs. Des mots comme « bolosse », « malaisant » ou « wesh » ont été ajoutés au dictionnaire car ils étaient utilisés de plus en plus souvent. Dans ce cas, pourquoi le pronom « iel » n’aurait-il pas sa place dans un dictionnaire ?

*non binaire : Personne qui considère que son identité de genre ne relève pas de la norme binaire, c’est-à-dire qu’elle ne se considère pas comme étant exclusivement femme ou exclusivement homme. Un non-binaire peut remettre en question l’assignation sexuelle à un genre.

Merci Alba H. pour ta contribution!